Blanc comme neige

Publié le par Dominique Jamet

La loi réprime le trafic et pénalise la consommation de stupéfiants. A tout moment la main de la police et le glaive de la justice peuvent donc s’abattre et s’abattent en effet au petit bonheur sur les contrevenants. On pourrait du reste s’interroger sur le bien-fondé de cette législation. Qu’est-ce qu’un délit dont on est à la fois l’auteur et la victime ? Quant à son inefficacité, elle n’est plus à démontrer. Parallèlement, l’argent, si facilement gagné qu’ils n’en connaissent plus le prix, met entre les mains de quelques privilégiés les moyens de céder à toutes les tentations auxquelles nous sommes soumis. Or, le conformisme contemporain exige paradoxalement de ces privilégiés qu’ils donnent le bon exemple. Qu’ils soient en somme blancs comme neige. En d’autres temps, qu’aurait dit Jean-Luc Delarue ? «C’est mon argent et j’en fais ce qui me plaît. Pourquoi me priverais-je au demeurant d’une jouissance qui me revient à dix mille euros par mois ? Une misère… » Au lieu de quoi l’animateur se traîne aux pieds de l’opinion publique : « Je suis un misérable, je suis un malade… Mais je me soigne, je veux guérir, ayez pitié de moi », etc. Repentance, trop jolie pour être honnête, appel à la compassion. Mais où sommes-nous ? Qu’est-ce que ce pays où le plaisir serait un péché dont on se rachèterait par l’hypocrisie ? A la société américaine, puritaine et corrompue, nous empruntons toutes ses tares sans imiter aucune de ses vertus. Dominique Jamet

Publié dans Chroniques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article